[Roger 02] la cape de plymouth by Kate Sedley

[Roger 02] la cape de plymouth by Kate Sedley

Auteur:Kate Sedley [Sedley, Kate]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Publié: 1992-01-06T23:00:00+00:00


Une brise rafraîchissante agitait les branches enlacées au-dessus de moi ; je percevais les inégalités du sentier sous mes pieds et tendis l’oreille aux pas furtifs d’un animal nocturne apeuré qui se coulait dans le fouillis protecteur des ronces et des buissons. Mon appréhension concernant Philip tournait à la crainte et je progressais prudemment, sans bruit, sauf quand une petite branche se brisait sous mes pieds. En levant les yeux, je voyais paraître de temps à autre le croissant de lune qui, très haut, indifférent, chevauchait les nuages. Le temps changeait et une bourrasque automnale soufflait de la mer.

Chaque fois que la rive tombait à pic et que les fourrés s’éclaircissaient, je voyais à mes pieds luire la Tamar. Je m’arrêtai plusieurs fois pour regarder derrière moi et j’écoutais intensément, à l’affût du moindre bruit qui pourrait me révéler la présence de Philip, encore que le bon sens suggérât que je le découvrirais avec Isobel Warden, dans l’herbe haute des bords du fleuve. Je sentais un filet de transpiration couler entre mes omoplates.

Je faisais halte à chaque tournant, à chaque courbe du sentier pour scruter l’obscurité devant moi. Une chouette quitta les cimes et glissa silencieusement d’un perchoir à l’autre, traversant mon champ de vision. Son mouvement soudain me fit sursauter et je m’immobilisai, le souffle court et rapide, le cœur fou dans ma poitrine. Puis je me remis en marche avec précaution, conscient que j’étais presque au bas de la descente ; quelques minutes encore et j’étais au niveau de la Tamar. Grâce à une trouée entre les arbres, je distinguai jusqu’à son autre rive la vaste étendue d’eau qu’argentait la lune fugitive.

J’appelai doucement :

— Philip ! Philip ! Êtes-vous là ?

Faute de réponse, je continuai d’avancer parmi les herbes folles qui, de ce côté, frangeaient le cours d’eau et me frôlaient jusqu’à mi-jambe. Derrière moi, dans les arbres, la chouette hulula…

L’extrémité de ma botte gauche buta contre une grande forme qui gisait, à demi cachée par la végétation. Mes cheveux se hérissèrent sur ma nuque et je baissai les yeux à l’instant où le fragile croissant, émergeant des nuages, me permit de distinguer la forme d’un corps. « Marie, mère de Dieu, priai-je avec ferveur, faites que ce ne soit pas Philip. » Mes jambes tremblaient mais je me forçai à m’accroupir pour regarder de plus près.

Il gisait face contre terre. J’avançai la main pour toucher la tête et la retirai instinctivement. La substance qui poissait mes doigts ne pouvait être que du sang. Le crâne de Philip avait été défoncé. J’avais brisé mon rêve.

Assis sur mes talons, j’essayai de contrôler le tremblement qui s’était emparé de mon corps tout entier. Mon cerveau avait cessé de fonctionner et je demeurais immobile, inconscient de l’écoulement du temps, privé de sensation. Toutefois, l’engourdissement ne se dissipa que trop vite et je plongeai alors dans un tourbillon de terreurs et d’émotions contradictoires. Mais, peu à peu, j’en pris le contrôle et m’obligeai à penser clairement. Je me signai puis me mis



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